Fosse 23
Fosse 23 des Mines de Courrières
Le puits 23 et l'entrée de la fosse en 1945
Le puits 23 est foncé à partir de 1928 par la Compagnie des Mines de Courrières à Noyelles-sous-Lens. Il entre en service en 1929, à une profondeur de 512 m. Le puits 23 est unique sur le carreau tout comme ceux des fosses 1 et 2 de la même Compagnie.
Photo de 1949
En 1946, la fosse intègre le groupe Hénin-Liétard. Dès 1952, la fosse est concentrée sur le siège 9/17 de Harnes. L'extraction par ce puits cesse le 16 juin 1952. La fosse sert au service et à l'aérage du 9/17 jusqu'en 1967, quand celui-ci sera concentré sur le 21/22 de Harnes.
Vue aérienne de 1949
Le puits 23 est alors remblayé en 1968 et le chevalement abattu en 1969.
Lampisterie
Bureaux
Bains-douches
Chaufferie
Le siège du 23 et ses bâtiments sont transformés en centre d'apprentissage pour les galibots. Actuellement le site sert de bureaux à ANGDM ( Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs).
Les bâtiments sont en grande partie visibles, les bureaux, ateliers, magasins, bains douches ouvriers et cadres, la chaufferie, la lampisterie en 2010. Ils ont été transformés en bureaux et seuls les murs conservent l'architecture d'origine.
Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM
L’ANGDM à NOYELLES-SOUS-LENS, la mémoire de la Mine
Qu’est-ce que l’ANGDM ?
C’est l’Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs qui a été créée par la loi du 3 février 2004. Sa mission principale est de garantir les droits sociaux des anciens Mineurs (charbon, fer, autres métaux, potasse, ardoise) et de plus en plus aujourd’hui de leurs ayants-droit (veuves), cela représente encore en 2016 près de 160000 personnes sur toute la France. L’ANGDM est ainsi chargée de leur verser les avantages en nature définis dans le Statut du Mineur (chauffage, logement). La quasi-totalité du budget de la structure (512 millions d’euros en 2015) provient des caisses de l’Etat mais quelques subventions arrivent également de quelques exploitants encore en activité (1000 salariés). L’ANGDM gère aussi des dossiers dits ‘’confidentiels’’ comme les préretraites ou les retraites anticipées, il lui faut pour cela conserver des archives qui concernent toutes les personnes ayant travaillé dans les Mines ; il y a ainsi 1 500 000 dossiers individuels (certains remontent au XIXème siècle), ceci représente environ 12,5 km linéaires de papier ou un volume de paperasse de 6000 m3 ! L’ANGDM a son siège national sur le carreau de l’ancienne fosse 23 de Courrières à NOYELLES-SOUS-LENS. Tous les anciens bâtiments de celle-ci (ateliers, lampisterie, magasin, bains-douches ‘’ouvriers’’ et ‘’cadres’’, chaufferie, sous-station) ont été transformés en locaux administratifs.
L’entrée de l’ANGDM à NOYELLES-SOUS-LENS. Photo GT
Le bâtiment de la Direction ANGDM. Photo GT
Le centre d’apprentissage. Photo GT
Ateliers réaménagés en bureaux. Photo GT
Le cadre est très verdoyant. Photo GT
Tous les bâtiments ont gardé leurs structures extérieures d’origine, leurs intérieurs ont dû être réaménagés en bureaux et en locaux de stockage à atmosphère contrôlée (hygrométrie constante, température régulée).
Les dossiers des Mineurs sont classés par bassin et par ordre alphabétique. Photo GT
Des tonnes de documents impeccablement classés. Photo GT
Le relevé de carrière du Mineur
Un Mineur ou sa veuve peut obtenir son relevé de carrière en adressant un courrier à l’adresse suivante :
Monsieur le Directeur de l’ANGDM, Avenue de la Fosse 23, BP 19, 62221 NOYELLES-SOUS-LENS
Pour tout renseignement, on peut téléphoner au Service des Archives sur place : 03 21 79 48 48. NB : les enfants de Mineurs ne peuvent obtenir ce relevé si leur père (ou sa veuve) est encore vivant.
Sur le relevé de carrière figurent :
-
des renseignements administratifs sur l’état civil du Mineur (noms de ses parents, sa date et son lieu de naissance, la date et le lieu de naissance de l’épouse, la date de mariage, les prénoms et dates de naissance des enfants, la date du divorce, …),
-
les adresses successives,
-
les diplômes obtenus (CEP, BEPC, CAP, BEI)
-
la date d’embauche dans les Mines (il peut y en avoir plusieurs s’il y a eu des coupures dues à des démissions, à des sanctions, au Service Militaire, …),
-
la période d’incorporation militaire,
-
les différents sièges où il a travaillé avec les dates d’installation correspondantes,
-
les durées de travail au fond et au jour,
-
les données concernant la retraite (date de départ, nombre d’années d’activité),
-
les différents grades obtenus (rouleur, aide-décadreur, chef-dépileur, boutefeu, porion, …),
-
les blessures (dates, natures, taux d’invalidité) et pour certains, la date de l’accident mortel,
-
les visites médicales (dates, natures),
-
les taux de silicose (dates, pourcentages),
-
la Caisse de Secours à laquelle il est rattaché,
-
les droits spéciaux (actif, pensionné, veuve),
-
les séjours de vacances à BERCK et à LA NAPOULE,
-
les avantages en nature actif, pensionné, veuve (charbon, logement, transport),
-
les médailles de travail (Argent, Vermeil, Or, Grand Or et les dates correspondantes),
-
les situations des Mineurs étrangers (dates des débuts et de fins de contrat, emplois exercés),
-
d’autres renseignements plus confidentiels concernant les sanctions et leurs causes, les résultats à des tests psychotechniques, le comportement au travail, des mentions relatives à une activité politique ou syndicale, les centres d’intérêt (loisirs, sports), …
Les dossiers de quelques ‘’stars’’ sont présents à NOYELLES-SOUS-LENS :
-
Maurice THOREZ : Mineur devenu Ministre d’État (1945-1947), Secrétaire Général du PCF (1930-1964),
-
Auguste LECOEUR : Mineur devenu Ministre (1946, on lui doit le Statut du Mineur), Député PCF,
-
Léon DELFOSSE : Mineur devenu Secrétaire Général de la CGT du Sous-Sol (1960-1968),
-
Maryan WISNIEWSKI : footballeur international (RC LENS, 1953-1963),
-
Georges LECH : footballeur international (RC LENS, 1962-1968),
-
Arnold SOWINSKI : footballeur (1952-1966) et plusieurs fois entraîneur du RC LENS,
-
Charles STABLINSKI : frère du cycliste champion du Monde, Jean STABLINSKI,
-
Jacques DE GAULLE : frère du Général de DE GAULLE
-
Pierre DUTRONC : père du chanteur Jacques DUTRONC.
Pourquoi avoir choisi NOYELLES-SOUS-LENS pour le siège de l’ANGDM ?
C’est parce qu’il y a eu le plus d’anciens Mineurs dans le Bassin du Nord/Pas-de-Calais que l’on a décidé d’implanter l’ANGDM dans cette région. Pourquoi NOYELLES-SOUS-LENS ? Il semble que la position centrale de la ville dans le Bassin et la fin prématurée de la fosse 23 (production de 1929 à 1952, concentration sur le siège 9/17 puis aérage pour les puits voisins de 1952 à 1967) soient les deux raisons principales. En 1968, l’unique puits profond de 512 m est remblayé et son chevalement est abattu en 1970. La production totale dans cette fosse n’a été que de 4,35 millions de t de 1929 à 1952.
La fosse 23 avec son unique puits avant 1968. Collection Apphim
Le site de la fosse 23 en 1930. Photo Charbonnages de France
Après 1970, la fosse 23 est transformée en centre d’apprentissage pour les galibots puis en centre d’accueil et de formation pour les Mineurs étrangers (principalement des Marocains). C’est aussi de là que partent en été les enfants dans les colonies de vacances des Houillères.
Le terril no 106 de la fosse no 23 visible sur la photo ci-dessus a été intégralement exploité tout comme le terril cavalier no 240.
Quel avenir pour le site ?
Il est envisagé de numériser tous les dossiers entreposés dans les locaux et de tout ramener au Centre des Archives du Monde du Travail à ROUBAIX. Les fichiers informatisés pourraient ainsi être consultés sur internet par les familles des anciens Mineurs. Le site de la fosse 23 deviendrait ainsi inutile par rapport à sa mission actuelle mais réutilisable pour une autre fonction, pourquoi pas ? Souhaitons qu’il reste opérationnel, l’APPHIM a d’ailleurs demandé son classement aux Monuments historiques dès 2010 comme on pourra le lire dans l’article ci-dessous :
http://apphim.fr/articles.php?lng=fr&pg=451&mnuid=1138&tconfig=0
Georges TYRAKOWSKI pour l'APPHIM