Généralités-Historique
Historique de l'exploitation charbonnière en Lorraine
le bassin Sarro-Lorrain
1° Au temps des Concessions :
L’utilisation du charbon sarrois est déjà connue au milieu du XVème siècle. Lors de la Révolution Française, sa production est de 50.000 t, et en 1811, sous l’impulsion de Napoléon 1er, elle atteint 105.000 t.
Dès 1815, ayant perdu le département de la Sarre, la France se lance dans des recherches à l’intérieur de sa nouvelle frontière, et le fonçage du premier puits lorrain démarre à Schoeneck en 1818. Des veines attaquées à 80 et 120 m de profondeur mais l’exploitation est arrêtée en 1835 et le puits est noyé en 1836.
Des repreneurs essuient des échecs et revendent la concession en 1846 à deux associés dont…. Charles de Wendel !
A Stiring :
Des sondages en profondeur leur font découvrir la houille noire, d’abord de 270 à 325 m, ensuite de 74 à 188 m. Entre 1849 et 1866, quatre puits sont foncés dont Sainte-Marthe 1-2 et Sainte-Stéphanie 1 mais sont « provisoirement » abandonnés, faute de moyens de pompage suffisants.
A Petite-Rosselle :
Commencé en 1854, le fonçage du puits Saint-Charles permet, deux ans plus tard et à 120 m de profondeur, de découvrir la veine Saint-Jean. Débute alors la grande épopée de l’exploitation du charbon en Lorraine !
Nota : auparavant, la compagnie avait fait appel aux conseils d’Émile Vuillemin, Ingénieur aux Mines d’Aniche (Nord).
A l’Ouest :
Dès 1853, d’autres sociétés entreprennent des sondages qui recoupent les veines entre 100 et 242 m de profondeur. Celles-ci sont d’une puissance (hauteur) jamais atteinte et l’étendue du gisement dépasse l’imagination de l’époque.
En 1858, Napoléon III annonce officiellement la découverte du bassin houiller de Moselle.
Le Bassin Houiller se révèle :
Dès lors, c’est la ruée. Les machines étant plus puissantes, en moins de 10 ans sont foncés les puits Saint-Joseph 1-2, l’Hôpital 1-2, Wendel 1-2, Sainte-Stéphanie 2, Vuillemin 1 et Saint-Joseph 2. Les finances s’amenuisant, les concessionnaires se regroupent pour former deux grosses compagnies : Petite-Rosselle, Sarre & Moselle, et une plus modeste : La Houve.
Mais, en 1871, la France perd le département de la Moselle avec ses houillères et une partie de ses mines de fer. Sous l’administration prussienne, la production atteint 3,8 millions de tonnes en 1913.
En 1919, la France récupère son bassin minier et crée Faulquemont & Folschviller. En 1938, les unités de Petite-Rosselle, Sarre & Moselle et le groupe de Faulquemont portent la production à 6.739.000 tonnes.
En 1945, après cinq ans de guerre, les mines sont inexploitables : matériel usé, puits noyés, installations de surface détruites.
…/…
2° Après la Nationalisation :
Pour l’ensemble des houillères françaises, la nationalisation est décrétée le 1er juillet 1946 et les compagnies mosellanes sont regroupées au sein des Houillères du Bassin de Lorraine. Se mettent en place le Plan Marshall pour leur modernisation et le Plan Monnet pour leur production. La bataille du charbon est engagée !
Pour 2.343.000 tonnes en 1945, le bassin lorrain extrait 15.627.969 tonnes en 1964.
Les H.B.L. recrutent massivement, avec une forte proportion de main d’œuvre étrangère et mettent en place un vaste programme de construction de logements.
Fin 1949, y sont employés 42.561 agents contre 24.666 en 1938, et les H.B.L. deviennent le deuxième bassin charbonnier de France après celui du Nord-PdC.
Evolution politico-économique :
En 1949, le plan Monnet est revu à la baisse et, à partir de 1956, les mines sarroises sont peu à peu restituées à l’Allemagne. De nouveaux gisements sont exploités sur le territoire français pour respecter les derniers objectifs fixés.
En 1958, les effectifs dépassent les 46.000 agents et la production est quasiment de 15 millions de tonnes.
En 1959, la première crise charbonnière amène une succession de plans de réduction de la production (de Jeanneney à Bettencourt).
En 1971, l’accord de Forbach entérine le sort du bassin lorrain et la production des H.B.L. passe rapidement sous les 10 millions de tonnes.
En 1974, les chocs pétroliers de cette décennie donnent du souffle au bassin minier :
les puits De Vernejoul et Saint-Fontaine rouvrent, trois autres sont approfondis, de gros investissements sont engagés et le rembauchage inclut du personnel marocain.
La fin de l’exploitation du charbon :
En1984 est programmée la réduction de la production jusqu’à l’arrêt de l’exploitation.
Il n’y a plus d’embauche et les sites d’extraction ferment un à un : Wendel en 1989, Marienau en 1996, Simon en 1997. Vouters et Reumaux fusionnent en 2000.
Le 20 octobre 1994, en signant le Pacte Charbonnier National, l’Etat a décidé la fin de l’exploitation du charbon en France, mais des mesures sociales ont été prévues :
« La collectivité nationale a une dette historique vis-à-vis de la population charbonnière qui a construit la puissance industrielle française, et qui, en 1945, par son dévouement héroïque, a très fortement contribué au redressement économique de la France ».
Le 20 novembre 2000, la Direction des Houillères. annonce officiellement la fermeture de Merlebach en 2003 et de La Houve en 2005.
Le 23 avril 2004, soit près de deux siècles après le premier sondage de Schoeneck à l’Est du bassin, la grande aventure du charbon lorrain s’arrête à l’Ouest : La Houve !
Source : Les chevalements lorrains de Pierre-Christian GUIOLLARD
Synthèse : Pierre OMBROUCK pour l’APPHIM
Photos : HBL - CdF