Raval du puits 5 ter
Les travaux de raval au puits 5ter en 1952
Les puits sont les artères vitales de la mine. L'accroissement de leur possibilité de débit comme leur approfondissement occupent une place primordiale dans l'effort de modernisation. On remarque dans notre groupe (BRUAY ndlr) une intensification des travaux de fonçage. Ils existe actuellement trois ravals en cours à Bruay: au 4 ter, au 7bis et au 5ter.
De telles entreprises nécessitent des installations extrêmement coûteuses et particulièrement soignées dont l'un des objectifs essentiels est d'assurer la sécurité du personnel. C'est pourquoi, dans la majorité des cas, les fonçages se poursuivent au delà des limites immédiatement utiles pour atteindre la profondeur des futurs étages d'exploitation.
Le travail des «ravaleurs», ces hommes qui perforent verticalement la cuirasse terrestre, a toujours été pénible. La mécanisation s'est relativement peu introduite dans ces travaux, comparativement aux chantiers d'abbatage.
L'emploi des meilleurs marteaux perforateurs, d'explosifs plus énergétiques, ne suffira pas si le gros travail que représentent le chargement et l'évacuation des déblais ne quitte pas la main de l'homme pour être réalisé par une machine puissante.
C'est au 5ter, puits de retour d'air qui, de l'étage 564 doit, atteindre 679 mètres, que sont mises à l'épreuve des méthodes plus rationnelles. Parmi les moyens préconisés pour faciliter le déblai c'est l'emploi de la chargeuse Eimco qui a été choisi.
Nous avons déjà d'habiles ouvriers qui sont allés faire un stage avec les ravaleurs du Groupe de Lens. Ils se sont initiés à la manœuvre de la chargeuse utilisée dans ces conditions.
Au début, quelques difficultés auraient pu décevoir nos équipes de fonçage; bien au contraire les ravaleurs s'acharnent contre l'imprévu et mettent au point une nouvelle méthode de travail.
La chargeuse qui se déplace sur un chemin de roulement composé de 2 rails fixes de 1,20 m et de 2 allonges de 1,20 m exige beaucoup d'habilité de la part de son conducteur. L'efficacité de cette machine est étroitement associée à la qualité du tir qui doit fournir le moins possible de gros blocs, car le godet ne pourrait les dégager. Aussi les trous de mines, forés à 2,40 m, doivent-ils être assez nombreux et rapprochés. Chacun d'eux reçoit de 600 à 700 grammes de dynamite-gomme et l'ensemble du tir comprend environ 70 mines : le bouchon (20 mines) et la couronne (30 mines).
Les mines étant reliées entre-elles par un cordon détonnant, une seule amorce est nécessaire pour un tir. Le problème important qui se pose alors est d'évacuer l'impressionnante masse de terres le plus rapidement possible avec le minimum de peine pour les hommes. C'est sur cette phrase du travail que devaient se porter les efforts pour améliorer le rendement et l'on peut dire que les résultats s'avèrent prometteurs.
L'installation de tête de raval doit être soignée et souvent contrôlée. Le chef de trappe connaît toute l'importance de son rôle. Il veille à ce que ne rien ne puisse tomber sur ses camarades situés à 80 mètres plus bas. Il fait la police lorsque les trappes sont entr’ouvertes et les tient parfaitement propres.
Quand le cuffat a remonté sa pleine charge de terre, une trémie roulante amenée au-dessus de la berline vide permet le déversement correct.
Le rôle du mécanicien n'est pas des moindres. La circulation dans un puits en fonçage, intense et variée, exige des manœuvres multiples et précises. Qu'il s'agisse de descendre le personnel avec le panier ou le lourd matériel, comme la chargeuse, suspendu au mousqueton, il faut, aux commandes de la machine, un homme adroit et constamment maître de ses réflexes.
Nos mécaniciens ont acquis la confiance de leurs camarades et sans émotion que ceux-ci enjambent le panier pour la descente.
Une fois le puits creusé, il s'agit de le maçonner. Dans certains Groupe,s on coule du béton derrière un coffrage.
Mathias TOTH pour l'APPHIM, Lampe au chapeau septembre 1952, col APPHIM