La catastrophe de Marcinelle

Le Bois du Cazier, lieu de mémoire inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO

Conférence de Mineurs du Monde 21 / 04 / 16 LENS

8 août 1956, 7h, MARCINELLE : c’est le début d’une belle journée ensoleillée, le ciel est bleu. Les Mineurs du poste du matin de la fosse du Bois du Cazier sont contents ; quand ils remonteront en début d’après-midi, ils pourront en profiter. A 7h 40, la descente des 275 hommes par le puits I est terminée, ils se sont répartis entre les différents étages :

  • 1 à l’étage des pompes à 170 m,

  • 27 à l’étage 765-715 m,

  • 89 à l’étage 907-835 m,

  • 149 à l’étage 1035-975 m,

  • 9 à l’étage 1100 m en préparation.

A 8h, François LOWIE, à l’étage 765, un Mineur flamand qui avait commencé à abattre le charbon au marteau-piqueur depuis 7h 45 doit s’arrêter de travailler car il n’y a plus d’air comprimé. Bizarre… En attendant que la pression revienne, il se met à préparer son matériel de soutènement quand soudainement la taille se remplit de fumées âcres et suffocantes. C’est l’affolement ! Le porion Joseph BAUMANS rassemble ses hommes dans la précipitation et les emmène vers le puits de retour d’air à 715. On n’y voit rien ! À un moment, François LOWIE qui suit son porion tombe en syncope, ce malaise va lui sauver la vie. L’incendie qui s’est déclenché à l’accrochage à 975 va causer la mort par asphyxie de 262 Mineurs. Le nom de MARCINELLE vient d’entrer dans l’histoire, c’est la plus grande catastrophe minière qu’a connue la Belgique. La ville s’apprête à célébrer le 60ème anniversaire de la tragédie. Le site du Bois du Cazier abandonné pendant plus de 30 ans a été réhabilité et il figure au patrimoine de l’Unesco depuis 2012. Tous les passionnés de la Mine sont invités à visiter ce lieu de mémoire à 150 km et à moins de 2 heures de LENS.

C’est pour présenter ce site que Christian MORZEWSKI, Président de l’Université Populaire Mineurs du Monde, a invité Jean-Louis DELAET, historien, Directeur du Bois du Cazier. Après avoir exposé les faits marquants de l’épopée du charbon en Belgique, celui-ci a rappelé les circonstances et les conséquences du drame avant de présenter le fonctionnement de l’association qu’il dirige et qui a pour but de promouvoir l’histoire de la Mine et des autres industries (métallurgie, verreries) de la région de CHARLEROI.

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Jean-Louis DELAET, Directeur du Bois du Cazier, a fait une superbe promotion pour son site. Photo GT  Les fidèles des soirées organisées par l’UP2M ont assisté à une conférence vraiment intéressante sur la catastrophe de Marcinelle et sur le lieu de mémoire qui lui est consacré. Photo GT

I Les charbonnages belges

Il y a eu cinq bassins charbonniers en Belgique : le Borinage (MONS), le Centre (LA LOUVIERE), CHARLEROI-NAMUR, LIÈGE et la Campine (GENK).

Les régions charbonnières belges. Image Atlas EDI3. Annotations GT

  • Le maximum de production atteint 30 millions de t en 1939 et en 1950.

  • En 1956, le Bassin de CHARLEROI-NAMUR dont fait partie MARCINELLE produit 8 millions de t, soit 40% de la production nationale (20 millions de t).

  • Du début à la fin de l’épopée, les Charbonnages belges sont toujours restés privés (Société Générale de Belgique et petites sociétés locales).

  • Contrairement au Borinage et au Nord/Pas-de-Calais où le charbon constitue une mono-industrie, les activités des Bassins de CHARLEROI et de LIÈGE sont depuis le début de l’ère industrielle très diversifiées (sidérurgie, métallurgie, verreries et à un degré moindre la porcelaine et le textile). Depuis la fin du second conflit mondial, toutes ces spécialités qui dépendent trop du charbon sont un peu déclinantes.

  • Comme en France, il y a eu une ʺBataille du charbonʺ à partir de 1944 ; ce fut l’occasion de moderniser quelque peu les installations minières devenues vieillottes car après 1918, les sociétés privées n’ont pas fait beaucoup d’investissements.

  • A la Libération, trop peu de jeunes Belges souhaitent entamer une carrière de Mineur car les conditions de travail sont très dures (petites veines de charbons gras, grisou, accidents, mécanisation insuffisante) et il faut donc faire appel à de la main d’œuvre étrangère. En plus des 46000 prisonniers allemands, on aurait besoin de 50000 hommes supplémentaires. On se tourne alors vers l’Italie qui est en pleine crise économique car elle a été presque totalement dévastée par les bombardements alliés (plus de chemins de fer, plus de routes, plus d’usines) ; le pays compte 2 millions de chômeurs et les hommes qui ont eu la chance de trouver un emploi ont des salaires de misère. Pour le Gouvernement italien, c’est l’occasion de se débarrasser de tous les communistes et anarchistes. L’accord trouvé avec la Belgique le 23 juin 1946 prévoit l’envoi de 50000 travailleurs contre 3 millions de tonnes de charbon par an, soit 60 kg/homme… La France aussi signe un contrat de ce type avec l’Italie mais un peu moins dégradant pour ces ʺesclavesʺ des temps modernes : 150 kg puis 180 kg/homme… Ces marchés conclus entre les états sont très mal perçus par les candidats au départ qui se considèrent comme ̎troqués contre quelques sacs de charbon ̎mais comme ils n’ont ni travail ni avenir en Italie, ̎ils mettent leur honneur dans leur poche ̎. Anna MORELLI, Professeur à l’Université Libre de BRUXELLES, lors de sa conférence pour Mineurs du Monde consacrée à l’immigration des Italiens dans les Charbonnages belges le 9 octobre 2014, parle d’un système push-pull (l’un pousse dehors, l’autre attire) :

  • L’Italie, vaincue et en pleine crise économique, veut se débarrasser de ses agitateurs extrémistes.

  • La Belgique attire des jeunes immigrés peu exigeants et indésirables dans leur pays pour travailler dans les Charbonnages qui n’intéressent plus ses propres jeunes. Des milliers d’Italiens venant du Sud (Sardaigne, Sicile, Calabre, Basilicate, Pouilles) vont ainsi arriver en Belgique et dans le Nord/Pas-de-Calais pour gagner la ʺBataille du charbonʺ. L’accueil de ces immigrants n’est pas à la hauteur : ils vivent dans des baraquements ou dans des demi-lunes (Elio DI RUPO, actuel Premier Ministre du Royaume a vécu dans ces logements de fortune préalablement occupés par des prisonniers allemands), la formation au métier de Mineur est insuffisante, les tâches les plus pénibles leur sont réservées au fond ; malgré cela, seulement un petit nombre d’entre eux retourne au pays.

 Logement réservé aux Mineurs italiens à proximité des fosses.
Photo GT sur vidéo Marcinelle 20 ans déjà RTBF

  • En 1956, sur 142 000 Mineurs en Belgique, il y a 44 000 Italiens (30 %). A CHARLEROI, c’est plus de 50 %.

  • Le Bois du Cazier est un siège à deux puits situé à MARCINELLE dans le Bassin de CHARLEROI-NAMUR : le n° I de profondeur 1175m pour l’entrée d’air et l’extraction aux étages 765 et 975, le n° II de profondeur 1050 m pour le retour d’air et l’extraction à 1035. Le n° III dit ʺForakyʺ (profondeur prévue : 1175 m) en creusement au moment de la catastrophe (profondeur atteinte : 879 m) n’a jamais été utilisé. Il appartient à la Société des Charbonnages d’Amercœur. Il a été opérationnel de 1822 à décembre 1967.

Le Bois du Cazier avant 1939. Collection APPHIM  Le Bois du Cazier après 1956. Collection APPHIM
  • Les Charbonnages belges ferment tous les uns après les autres à partir de 1973. L’épopée du charbon s’est achevée à ZOLDER dans le Limbourg le 30 septembre 1992.

Bassin

Dernier siège

Fin de l’exploitation

Borinage

Siège des Sarty à HENSIES

1976

Centre

Siège Le Quesnoy à TRIVIERES

1973

Charleroi-Namur

Siège Ste Catherine à FARCIENNES

1984

Liège

Siège de BLEGNY-TREMBLEUR

1980

Campine*

Siège de ZOLDER

1992

*Le Bassin de la Campine n’a été exploité qu’à partir de 1917 (premier siège à WINTERSLAG).

II La catastrophe de MARCINELLE

Il serait fastidieux dans cet article de décrire de façon chronologique tous les événements qui se sont déroulés à partir du 8 août, les réactions des hommes ainsi que le travail des secouristes. Les lecteurs qui seraient intéressés par ces informations les trouveront dans l’article wikipédia : ʺBois du Cazierʺ. On se contentera ici de rappeler les causes techniques du drame.

1-Le va-et-vient incessant des cages pour remonter le charbon à la surface

Les mouvements des deux cages couplées d’un puits se font en opposition. Quand l’une remonte au jour avec des berlines pleines (niveau 0), l’autre descend à l’étage de chargement (ici 975 m) avec des berlines vides. Quatre hommes s’occupent de toutes ces manœuvres qui durent pendant tout poste :

  • le ʺmachinisteʺ au jour qui met en mouvement les cages,

  • le ʺtaqueurʺ ou ʺtireur de la recette de surfaceʺ qui reçoit les berlines pleines qui seront envoyées au culbutage et qui s’occupe d’encager des berlines vides à leurs places,

  • l’encaisseur de berlines pleines à 975m,

  • l’aide-encageur à 975 m qui sort les berlines vides pour les renvoyer vers la recette du fond.

L’encaisseur et l’aide-encageur sont de part et d’autre de la cage, chacun d’un côté du puits.

La coordination des tâches entre ces quatre ouvriers se fait en utilisant un code de signaux combinant des coups de sonnette et des appels téléphoniques.

Règles pour la cage à Marcinelle. Photo du livre ‘’Bois du Cazier, l’histoire d’un symbole’’. Règles pour la cage dans les HBNPC, c’est apparemment bien plus simple ! Photo GT

Quand on examine le tableau belge, on conçoit fort bien que, dans le bruit ambiant qui règne autour du puits, certains signaux peuvent être mal entendus d’où l’usage du téléphone en cas d’incertitude ou pour confirmer les demandes. Autre particularité du puits n°I où a eu lieu l’accident : l’extraction se fait à plusieurs étages, ce qui complique encore le problème car tous les arrêts de la cage ne se font pas aux mêmes hauteurs (en France, il n’y a, en principe, qu’une seule recette du fond).

2-Le ʺcouacʺ de 8h 02 et ses conséquences dramatiques

La cage 1 à huit étages est en haut, les berlines pleines vont être déchargées.  Au même moment, la cage 2 à huit étages est en bas à 975 avec des berlines vides.
 A 975, une balance hydraulique utilisant de ’huile à 6 bar place au cm près la cage 2 en face des berlines pleines qui arrivent de la droite. Elle va le faire huit fois en suivant. En entrant dans son étage, la berline pleine chasse la berline vide. La cage descend  alors de 2m environ pour prendre une autre berline pleine et ainsi de suite.

La procédure normale est la suivante : l’encageur de 975 appelle le machiniste : ‘’je voudrais une cage’’. Dès que celle-ci est libre, elle arrive et s’arrête à 975, l’encageur confirme le début du chargement et il opère. Il prévient le machiniste quand les berlines sont encagées et la cage remonte au jour.

A 8h, la cage 1 est en train de décharger des berlines pleines à la surface, la cage 2 est à 975 mais il n’y a pas de berlines à remonter ; IANNETTA, l’encageur de 975, parti pour quelques instants vers une berline de bois qui pose problème dans la bowette. L’étage 765 appelle alors le machiniste pour demander la cage 2 mais le déchargement n’est pas terminé au jour. Ayant résolu son problème, IANNETTA revient à son poste à 975 et des berlines pleines arrivent à côté de lui. Il demande à son aide-encageur VAUSSORT qui est au téléphone s’il peut remplir la cage alors que l’un et l’autre n’ont rien demandé au jour, il prétend que VAUSSORT lui a dit oui et à 8h 02, il engage la première berline mais celle-ci se coince et n’entre pas complètement dans la cage (elle dépasse de 35 cm, ce qui est insuffisant pour faire sortir la berline vide de l’autre côté), il ne s’affole pas car il sait que la cage ne remontera pas sans son signal ; il contourne alors le puits pour aider VAUSSORT à sortir la berline vide, ce qui fera certainement entrer celle qui est pleine.

Le machiniste, lui, ne s’occupe que de la fin du déchargement de la cage 1 au jour et dès que celui-ci est terminé, il avertit l’étage 765 qu’il lui amène, comme convenu, la cage 2 qui est à 975 ; il ne sait pas que IANNETTA vient d’encager une berline dans celle-ci (comment le machiniste peut-il le savoir puisque rien n’a été demandé pour 975 ?) et encore moins qu’il y a un problème. Le moteur de la machine d’extraction qui est un monstre de 1250 ch arrache brutalement la cage 2 qui a une masse de 4t. Une des berlines non entrées complètement dans la cage arrache dans son mouvement ascendant une poutrelle du cuvelage qui a 3 m de long et de 135 mm de large ; celle-ci, comme un couperet, dévaste tout sur son passage : elle coupe le cordon de la sonnerie, les fils du téléphone, une conduite d’alimentation en eau des chantiers et les câbles électriques 6000 V, elle perce une grosse conduite d’air comprimé pour les machines pneumatiques et elle provoque dans la conduite d’huile (pression 6 bar) de la balance hydraulique une fissure par laquelle sortent sous pression des petites gouttes de liquide inflammable. En principe, le court-circuit provoqué et l’arc électrique doivent être coupés par les disjoncteurs du jour qui doivent réagir presque instantanément (160 ms ou 0,16 s) et c’est ce qui s’est produit mais l’huile pulvérisée a trouvé le moyen de s’enflammer pendant cet intervalle de temps très court. L’air comprimé qui s’échappe attise le feu qui s’engouffre dans la bowette dans le sens de l’aérage vers le puits voisin de retour d’air. En quelques secondes, la température à l’accrochage 975 monte à 1100°C. Le téléphone ne fonctionnant plus, IANNETTA a juste le temps de fuir pour donner l’alerte par le puits 2 car l’incendie alimenté par les matériaux combustibles de la bowette (bois du toit, caoutchouc des tuyaux, plastiques des gaines) et les fumées de plus en plus denses sont pour l’instant bloquées par trois portes en bois entre les deux puits ; celles-ci tiennent une heure après quoi, le feu est entraîné par l’aérage vers le puits 2. Avant 10h 30, on pouvait encore descendre dans celui-ci mais d’un seul coup, la température qui atteint 1500°C fait fondre les câbles des cages qui tombent toutes les deux dans le puits II de retour d’air. Les malheurs s’enchaînent. À 10h 45, on coupe les ventilateurs qui servent à apporter de l’air frais aux hommes car ils attisent le feu.

Les deux berlines sont coincées dans la cage qui doit remonter de 975 à 765. La poutre en acier arrachée par les cages sectionne tout sur son passage. L’incendie commence.

1 : l’une des berlines coincées à 975, 2 : la poutre arrachée, 3 : cordon de sonnerie coupé, 4 : fils du téléphone coupés, 5 : conduite d’eau sectionnée, 6 : câbles électriques 600 V coupés.

La situation n’est donc pas brillante en fin de matinée :

  • Puits I d’entrée d’air : cage 1 coincée à quelques m de la surface, cage 2 coincée à 975, fumées.

  • Puits II de retour d’air : les deux cages tombées dans le puits, incendie et fumées.

Comment pénétrer dans le puits d’extraction ? L’ingénieur en chef CALICIS a l’idée de désolidariser la cage 1 et la cage 2 du puits I ; après 3h de travail, la cage 1 peut descendre seule dans le puits d’entrée d’air mais les hommes doivent être équipés d’un matériel de sauveteur de 18 kg. Une autre possibilité est de passer par le nouveau puits III par l’étage 765 obstrué dernièrement à cause de passage de grisou des puits I et II vers le chantier de creusement ; on a eu l’idée de mettre dans la maçonnerie un ‘’trou d’homme’’ en acier récupéré sur une vieille chaudière mais celui-ci se révèle trop étroit pour un sauveteur avec son équipement, l’élargissement de l’ouverture prendra trois heures… Quand les secours peuvent enfin passer, ils découvrent un tableau apocalyptique, il y a des fumées et du feu partout. A 19h 30, le bilan s’établit ainsi : 8 morts, 13 rescapés, 254 disparus.

 Le matériel sur le dos du sauveteur ne passe pas dans le trou d’homme aménagé dans la bowette bouchée qui relie le puits III aux puits I et II. Toutes les photos du 2) prises sur la vidéo Marcinelle 20 ans déjà de la RTBF.
La foule massée devant les grilles est restée pendant des journées entières à espérer. La fumée issue des puits est visible à des km à la ronde. Comment arrêter l’incendie et sauver les hommes ?

Les bilans des premières heures ne sont que provisoires. Les recherches continueront dans des conditions très difficiles des journées entières jusqu’au 17 septembre à 1h du matin où les derniers corps sont remontés. Finalement, il n’y aura aucun survivant mis à part les 13 rescapés du premier jour. ʺTutti cadaveriʺ, ce sont les mots d’un sauveteur italien en pleurs ; ʺAllen doodʺ ajoutera un sauveteur flamand...

3-Bilan final

262 morts (136 Italiens, 95 Belges, 8 Polonais, 6 Grecs, 5 Allemands, 3 Hongrois, 5 Français (dont 3 d’origine algérienne), 1 Anglais, un Néerlandais, 1 Russe et 1 Ukrainien). Ils laissent 204 veuves et 417 orphelins.

Les affaires des Mineurs coincés au fond de la Mine ont longtemps attendu leurs propriétaires dans la salle des pendus. L’assistance sociale du siège, Geneviève LADRIERE, n’a cessé d’apporter du réconfort et un peu d’espoir aux familles, elle a été extraordinaire.

Le drame a eu un impact considérable et notamment sur la communauté italienne. Les jeunes venus travailler en Belgique étaient originaires des Abruzzes et de Calabre, des régions du Sud du pays. Beaucoup étaient originaires des mêmes villages, celui de MANOPPELLO a ainsi perdu 22 fils dans la catastrophe de Marcinelle. L’émotion était d’autant plus intense que quelques jours avant, le 25 juillet 1956, un autre drame s’était produit : le paquebot transatlantique ultramoderne Andrea Doria, la fierté de la Marine italienne, qui naviguait le long de la côte Est des Etats Unis au large de NEW YORK a été éperonné par tribord avant dans le brouillard par le paquebot suédois Stockholm en route pour GÖTEBORG, les deux navires s’étaient pourtant détectés mutuellement avec leurs radars mais les deux équipages ont mal interprété les données fournies par ceux-ci, il y eut 51 morts (46 sur le bateau italien et 5 sur le suédois).

Les deux régions d’origine des Mineurs italiens travaillant
au Bois du Cazier. Photo d’atlas Bordas

4-Suites judiciaires de la catastrophe de Marcinelle

L’instruction fut une bataille d’experts, certains soutenaient qu’il n’aurait pas fallu arrêter les ventilateurs alors que d’autres donnaient raison à l’Ingénieur-chef Adolphe CALICIS. Le Tribunal correctionnel de CHARLEROI devant lequel comparaissaient cinq responsables du siège a eu bien du mal à établir des conclusions concernant les responsabilités des prévenus qui furent de ce fait acquittés en première instance. En appel, le jugement fut un peu modifié et Adolphe CALICIS fut condamné à 6 mois de prison avec sursis et 2000 F belges d’amende, il lui fut seulement reproché un système de signalisation trop complexe dont les signaux pouvaient être mal interprétés ; l’intéressé, un chef apprécié de tous, n’a jamais accepté ce verdict pourtant clément.

 Antonio IANNETTA, l’encageur de 975, interrogé ici en 1976 par un journaliste de la RTBF, n’a pas été inquiété ; on lui a conseillé de partir au Canada deux mois après la catastrophe, ce qu’il a fait.  Adolphe CANICIS, l’ingénieur en chef du siège, a été très éprouvé par la mort de ses hommes mais il n’a jamais admis sa condamnation.

III Le site de MARCINELLE aujourd’hui

Laissé à l’abandon pendant des décennies, le carreau et ses installations n’ont pas été démantelés mais en 2000, ils étaient fortement dégradés, tagués et remplis d’immondices. C’est alors que dans un devoir de mémoire, la Région wallonne se décide enfin à classer le site et mandate l’intercommunalité IGRETEC pour réhabiliter le site. Les travaux pour rendre celui-ci accueillant pour les visiteurs durent 18 mois. Le 12 mars 2002, se fait l’inauguration d’un ensemble qui comprend plusieurs parties :

  • L’espace 8 août 1956 : situé dans l’ancienne salle des machines, c’est un centre d’interprétation consacré à la tragédie de MARCINELLE et aux phénomènes migratoires dans les Charbonnages belges.

  • Le Mémorial du 8 août 1956 : c’est un lieu de recueillement au pied des chevalements où on peut voir les noms et les photos des 262 victimes.

  • Le Musée de l’Industrie : situé dans les ex-bains-douches (salle des pendus), ce lieu est dédié au génie industriel de l’homme ; on y voit des machines à vapeur, des dynamos, un tramway électrique, une lampisterie reconstituée, …

  • Le Musée du Verre : situé dans l’ancienne lampisterie, il sert à rappeler que la trilogie charbon-fer-verre fit la renommée de la région de CHARLEROI, une démonstration de soufflage de verre termine la visite.

  • Le centre de documentation : ouvert du mardi au vendredi de 9h à 17h sur rendez-vous.

  • Le Forum et l’Auditorium : situés dans l’ancienne centrale électrique, ils accueillent des spectacles, des manifestations et des expositions à longueur d’année.

  • Le Domaine boisé de 25 ha : il fait partie de la Chaîne Wallonne des Terrils. Il y a un théâtre de verdure et des sentiers de randonnée autour des trois terrils.

  • Un restaurant : on y propose une cuisine du terroir de qualité.

Voici ci-dessous quelques renseignements utiles.

Georges TYRAKOWSKI pour l'APPHIM

Bibliographie :
- ʺBois du Cazier, l’histoire d’un symboleʺ, Nathalie MICHEL et de Pierre-Philippe POLLART, éditions
2GATHER asbl, 2006.
- ʺBois du Cazierʺ, article wikipédia.


Filmographie :
- ʺMarcinelle, vingt ans déjàʺ, documentaire-vidéo RTBF, 1976.
- ʺBois du Cazier, les images d’une tragédieʺ, documentaire-vidéo de Nathalie MICHEL et Pierre-Philippe
POLLART, éditions 2GATHER asbl, 2006.
- ʺIl y a vingt ans…Marcinelleʺ, documentaire-vidéo de Christian DRUITTE, 1976.
- ʺAu cœur du brasierʺ, film dramatique sur la catastrophe d’Andréa et Antonio FRAZZI, 2005.

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Date de création : 12/06/2016 16:06
Catégorie : L'asso et ses actions - Mines et mineurs du monde
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Réactions à cet article

Réaction n°1 

par MDaniel le 12/10/2018 14:24

On peut se demander pourquoi l'encageur Iannetta qui maitrisait mal le français n'a jamais été interrogé et s'est envolé vers le Canada 2 mois après la catastrophe...!

L'ingénieur en chef Calicis n'est en aucun cas reponsable de cette tragédie,on peut comprendre que sa condamnation certes avec du sursis et une amende fut pour lui insupportable et cela jusqu'à la fin de sa vie..!