Musée de la mine d'EPINAC (71)
VISITE DE P.OMBROUCK AUX HOUILLÈRES DE BOURGOGNE - SEMAINE DU 27 JUIN AU 1er JUILLET 2016
Musée de la Mine d’ÉPINAC (71)
ÉPINAC : Très joli village fleuri où rien ne laisse croire qu’il était naguère au centre d’un important secteur industriel et houiller. D’ailleurs, cette commune ne s’appelait-elle pas Épinac-les-Mines ? Là aussi l’accueil fut particulier car m’attendait à son musée cette belle brochette de personnalités.
Au milieu, Pierre SALLET, Président de la SPIE (Sauvegarde du Patrimoine Industriel Épinacois). A droite, Jean-Marie DEVILLE, Président du Musée de la Mine, de la Verrerie et du Chemin de Fer A gauche, Gilbert MARTIN, Vice-Président de la SPIE, Trésorier du musée (qui est sous la mairie).
Plaque provenant bien d’Epinac |
Outils à main et pneumatiques |
Berline tirée par humains puis mulets |
Les Houillères d’Épinac exploitées depuis le milieu du 18ème siècle possédèrent jusqu’à 62 puits dont une dizaine servirent à l’extraction du charbon provenant de ses couches de 3 m de hauteur. Chose bien surprenante, les tout premiers puits ont été foncés par du personnel arrivé du Hainaut. Les mineurs y connurent le portage de paniers puis l’utilisation de brouettes et enfin le transport en berlines tractées par des mulets mais pas du tout la venue des locotracteurs électriques ou diesel.
Si en 1838 la production était de 1.500 t avec 150 ouvriers, en 1913 elle atteignait 191.500 t avec 1.215 ouvriers. En 1917, le record d’extraction avait atteint 292.545 t (Source Épinac - Tourisme et Patrimoine), tandis qu’en 1928 la production aurait encore été très proche des 250.000 t de houille.
Vie sociale : Les articles ménagers sont bien d’époque. |
Et le matériel scolaire ranime de vieux souvenirs… |
Plaque du Puits St-Charles conservée au Musée. |
Carreau du Puits-St-Charles (pour Charles DESTIVAL) |
Ce musée a été créé en 1997 et se situe au sous-sol de la mairie. Y accueillir un important groupe de visiteurs n’est pas facile mais son accès est en plus inadapté aux personnes à mobilité réduite. Pierre SALLET, l’actuel Président de la SPIE, espère qu’aboutira au plus tôt la restauration de la vieille gare proche du puits Hottinguer (fleuron de la commune) afin d’y emménager le vrai musée dont cette région a tant besoin pour maintenir le souvenir de la mine, de l’industrie et du ferroviaire.
Ce serait peut-être aussi l’occasion de donner une place en rapport avec le passé du locotracteur électrique Schneider-Westinghouse LM 1054 B qui trône sur une voie de 800 mm et rouille tout en dominant le stade dans le quartier de la Garenne. En effet, si cette machine (cadeau du Musée de la Mine de Blanzy) n’a jamais tracté dans les galeries du Bassin d’Épinac qui n’était pas équipé de locotracteurs, c’est qu’elle avait circulé dans celles du Bassin de Blanzy à compter des années 50.
1 des 4 rescapés parmi les 19 que Blanzy possédait (1) |
Le même aujourd’hui envahi par la végétation. |
Trois autres sont au Musée de Blanzy, près de celui de La Machine et au rond-point de Sanvignes.
Quant au Puits St-Charles dont la plaque est exposée au Musée d’Epinac, foncé en 1920 à 400 m de profondeur et arrêté en 1943, son chevalement métallique a aussitôt été transféré à Montceau pour adaptation sur la bure du Pré Long. C’est en 1981 qu’il sera de nouveau démonté pour être remonté au Musée de la Mine de Blanzy en construction sur le carreau de l’ancien Puits St-Claude
Comme quoi chaque matériel a une histoire, d’où l’importance qu’ont les musées de conservation !
La présence du locotracteur ci-dessus semble expliquée par le passé minier de ce quartier qui, lui aussi, détenait son puits : celui de la Garenne. Creusé en 1837, il fut approfondi à près de 500 m en 1880 et servit à l’extraction jusqu’en 1920. Il sera puits de service jusqu’à la fermeture en 1943.
2 demi-molettes de poulie Koepe érigées sur le talus provenant d’un chevalement de puits de Montceau-Blanzy |
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Carreau de la Garenne au temps de son exploitation |
Marquage du Puits de la Garenne (1) |
Auparavant, les anciennes concessions verront la plupart des puits se fermer entre 1928 et 1942.
Puits du Curier : de 1826 à 1942 – profondeur 300 m – à la fois d’extraction, d’aération, de service. Puits Ste-Barbe : de 1832 à 1932 – profondeur 209 m – d’extraction et enfin d’exhaure après 1880.
En 1946 seule la Mine de Veuvrottes sera rattachée à Blanzy par la nationalisation des Houillères, tandis que le Puits des Fourneaux (foncé en 1929 à -130 m) sera repris par la Société Minière des Schistes Bitumineux. Ce puits fermera en 1950 mais son chevalement maçonné de 1863 subsiste.
Bien sûr, cette énumération de puits n’est pas volontairement limitée mais il en a existé un qui suscite un intérêt particulier pour son architecture et son système d’extraction unique en Europe. C’est le Puits Hottinguer, commencé le 26 mai 1863 et qui, le 17 novembre 1871, atteindra une veine de 4 m de hauteur à la profondeur de 618 m, faisant de lui l’un des plus profonds de France.
Tour d’extraction en réfection et bâtiment du laboratoire |
Ancienne centrale électrique (fermée en 1943) |
Cette tour surnommée « Malakoff » contenait un dispositif de montée et descente d’un piston-cage se déplaçant dans un tube par dépression ou par pression de l’air contenu au-dessus du piston. Ce tube de 558 m de hauteur comprenait 485 viroles en tôles d’acier de 1,6 m de diamètre assemblées entre-elles par boulonnage. Lors de la montée de la cage, une machine pneumatique aspirait l’air et la descente se faisait en réintroduisant ce gaz par des vannes de régulation. L’épaisseur de 8 mm des tôles donnait à ce système révolutionnaire une masse d’environ 350 t. L’ensemble fut arrêté en 1887 après le décès de son concepteur. Le puits faisait 4,25 m de diamètre et comprenait quatre compartiments : tube, échelles, aérage et extraction par câbles. Ce tube sera ensuite utilisé pour l’aérage, puis son démontage interviendra en 1906. La tour recevra un nouveau chevalement en bois ainsi qu’une machine à vapeur, tandis que l’extraction se fera par deux cages circulant dans l’espace disponible. Le Puits Hottinguer fermera définitivement en 1936.
Des viroles étant disséminées dans les environs, je me suis mis en quête d’en retrouver certaines
Derrière la grille d’un terrain municipal |
En réservoir d’eau dans la cour d’un particulier |
Le puits faisait 4,25 m de diamètre et comprenait quatre compartiments : tube, échelles, aérage et extraction par câbles. Ce dispositif pneumatique sera remplacé par une double machine à vapeur de 1.500 ch. Mise en service dès 1882, elle réduira fortement les temps de montée et de descente.
Cheminée de la centrale électrique |
Berline de transport du personnel minier provenant de Blanzy |
Cette centrale électrique, construite en 1910, brûlait tous les mauvais charbons amenés du Puits St-Charles par téléphérique. Elle produisit alors l’éclairage public des communes des environs. Haute de près de 50 m, sa cheminée a dû être réduite de moitié car devenue presque menaçante.
Si parler de cette berline m’a enfin amené la confirmation que la voie de 750 mm avait bien existé dans ce bassin, de même que celle de l’absence totale de locotracteurs diesel ou électriques, cette visite ne m’a pas permis d’apercevoir un seul matériel roulant ayant effectivement cet écartement..
La production minière du secteur d’Épinac cessera en 1943 à l’exception du secteur de Veuvrottes qui, sous l’égide de Charbonnages de France, intègrera le groupe de Montceau-Blanzy et verra sa fermeture retardée au 28 février 1966 et ses derniers mineurs s’en aller vers Montceau-les-Mines.
Mais que reste-t-il de tout cet ensemble remarquable donc l’accès n’est réellement pas sécurisé ? Comme dans presque tous les endroits qui appartiennent à l’histoire industrielle, les récupérateurs de métaux ont été servis, les tagueurs y ont imprimé leur passage et les squatteurs ont saccagé. Or depuis le 26 novembre 1992 le Puits Hottinguer est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Sa construction et son aventure technique le situant parmi les exclusivités à sauvegarder, il est à espérer que le projet de restauration et le travail commencé seront menés à terme, quel que soit le temps à y donner et avec le réel souci de protéger ce qui est et ce qui sera !
Quoi qu’il en soit, je retournerai à Épinac où je sais que je suis attendu. Comme pour Rozelay et Buxières, je suis passé à côté de trop de choses pour ne pas avoir cette envie et m’y prépare déjà.
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Remerciements à :
Michel COSSARD, pour m’avoir fait connaître Épinac et donné l’envie d’aller y faire un tour,
Pierre SALLET, pour les moments accordés au téléphone et la visite de ce puits de prestige,
Jean-Marie DEVILLE, pour avoir organisé mon accueil au musée ainsi que sa visite qui a suivi,
Gilbert MARTIN, pour toutes ses précieuses informations et son aide dans mes recherches.
Sources :
(1) photo musée / Infos musée
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Article et photos de Pierre OMBROUCK (sauf autres sources)
pour le compte de l’APPHIM – apphim.fr