Visite du musée

VISITE DE P.OMBROUCK AUX HOUILLERES D’AUVERGNE

- SEMAINE DU 27 JUIN AU 1er JUILLET 2016 –

 Musée de la Mine de NOYANT D’ALLIER (03)

 Le Musée Jean le Mineur de Noyant-d’Allier est certainement celui qui, après le Musée Wendel de Petite-Rosselle en Moselle, présente la plus grande collection de machines minières de France. Cependant, et contrairement à celui de Lorraine, cet ancien siège minier n’a vu fonctionner que bien peu de tous ces appareils sur son carreau ou dans ses galeries. En effet, quand l’occupant allemand s’est décidé à quitter la mine en 1943, tout le matériel avait fini sa vie dans des hauts-fourneaux. Quant à son exploitation, elle avait été si maltraitée que ses propriétaires n’en ont pas relancé l’activité, et que le Gouvernement s’en est désintéressé lors de la nationalisation de 1946. C’est pourquoi tous ces engins parfois énormes proviennent d’endroits très différents et lointains, démontrant la pugnacité de ceux qui créèrent l’association de sauvegarde du site qu’ils ont équipé.

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 Depuis, dirigeants et membres ne cessent d’améliorer ce musée qui représente l’un des éléments touristiques majeurs de leur très belle commune dont le Maire apporte un vrai soutien à leur action.
C’est un réel plaisir d’y revenir, et c’en est un tout aussi agréable de voir ses bénévoles à l’œuvre.
Laura BRIAND nouvelle Présidente, Jean-Pierre  HACARD, ex-Président. C’est qu’elle était belle leur mine avec son chevalement  de l’inventeur du béton  précontraint : Eugène FREYSSINET. Comme tant d’autres, elle a eu des malheurs qui restent en mémoire.

A Noyant-d’Allier, l’épopée charbonnière vécut de 1730 à 1943, soit deux longs siècles de labeur. Entre cette commune et Châtillon (sa plus proche voisine), on avait recensé pas moins de 24 puits. Au début du 20ème siècle, une locomotive à vapeur Decauville type 020 reliait les puits aux terrils.

Ouvert en 1917, le puits Central de Noyant était le plus récent. C’est en 1922 que l’Ingénieur Eugène FREYSSINET construisit ses bâtiments et son chevalement au-dessus du puits de 430 m et dont l’ensemble fermera pendant la seconde guerre mondiale, précisément le 6 décembre 1943.

Faux-carré et glissières en chêne. Dalle d’obturation du puits Central. Plaque avec sa date de fermeture.

Un des buts de ma visite était d’inventorier les locotracteurs diésel et électriques du Musée dont les listes étaient erronées. J’ai pu mieux répertorier ceux qui provenaient des H.B.N.P.C. (Oignies et Auchel-Bruay), ainsi que de la Mine de Messeix (63) et des Mines de Cogema (devenue Areva). Outre 10 Berry diesel (que je connais particulièrement bien pour y avoir travaillé durant 12 ans), j’ai relevé 4 Decauville et 1 Deutz diesel, 1 AEG électrique ainsi que le Jung diesel (en restauration) qui aurait servi au Mur de l’Atlantique en 1940. Comme ces trois dernières marques sont d’origine allemande, je n’ai pas été surpris que l’on me dise qu’un Orestein & Koppel aurait circulait au fond. Y est-il resté à la fermeture ou bien a-t-il servi lui aussi à alimenter les fours ? Affaire à poursuivre. 

L’autre raison était d’en découvrir davantage sur cet ancien site minier que je n’avais vraiment pas pu explorer correctement lors de mon premier passage en 2013. C’est ainsi que j’ai su prendre des clichés de l’intérieur mais aussi de tout le parc. De même que j’ai tenu à profiter de la visite magistrale que Jean-Pierre HACARD, l’ancien Président, faisait de main de maître à une vingtaine de retraités pour m’insérer parmi eux et bénéficier ainsi d’une cerise sur le gâteau qui m’était offert.

Jean-Pierre dans le rôle de narrateur Forge dans le bâtiment-atelier Galerie reconstituée et voie de 600

Bien entendu, je ne me suis pas attardé sur le traditionnel (outils à main et pneumatiques, lampes de mineur, vêtements pendus, douches, etc…) car, à l’intérieur comme à l’extérieur, la collection est telle que j’en ai ramené près d’une centaine de photos alors que je suis loin d’avoir tout flashé ! Le matériel motorisé et tracté représentant à lui seul les deux tiers des clichés, c’est dire si le parc est fourni. Le top fut de constater que des locotracteurs étaient en restauration, des berlines ayant déjà elles aussi reçu leur tenue de grand soir. Les photos suivantes témoignent de cette diversité...

Mineur continu et transporteur en provenance de St-Eloy-les-Mines (échange contre locotracteur Berry 3735 T2)

Chargeur CT 12000 moteur V12 de 240 ch godet de 8 m3 Machine utilisée dans les galeries de Buxières-les-Mines Chargeur EIMCO 912 LHD mot. Deutz F6L912 de 90 ch Equipé d’un godet de 3 m3, lui aussi vient de Buxières
Decauville diesel TMB 30 de 30 ch n°0250 après peinture Decauville diesel TM 603 de 60 ch issu des H.B.N.P.C.

Decauville TMB 15 de 15 ch sans n° Decauville TMB 15 de 15 ch n°0449 Le même loco attendant les visiteurs

Ces deux locotracteurs Decauville TMB 15 proviennent de la Mine d’Uranium Henriette de la COGEMA (Vendée)

Berry CL 3758 T4 de 60 ch n° 821 construction de 1963 Berry CL 3758 T4 de 60 ch (n° ?) construction vers 1962
Les différences portent uniquement sur les tampons-attelages et les écartements : voie de 600 à G et de 610 à D. Le premier provient des H.B.N.P.C. groupe de Oignies et de la série de 12, 3 sont retrouvés 9 sont restés au fond. Le second provient des H.B.N.P.C. groupe d’Auchel-Bruay et de la série de 5 n’est retrouvé que celui de Noyant
Berry C 3635 K2 de 35 ch n° 756 fabrication de 1960-1961 Berry 4538 R3 de 37 ch n° 883 fabrication de 1965
Ces deux modèles ont été livrés dans les mines d’uranium du centre-ouest, d’abord au C.E.A. puis à la Cogema. Le premier a été construit en 12 exemplaires, dont 4 ont été retrouvés à Noyant, 3 au Creusot et 2 près du Mans. Le second faisait partie d’une série de 6 machines dont celle de Noyant, 1 près du Lac de Rillé et 3 près du Mans
Berry C 3768 P2 de 75 ch n° 920 de 1967 : à G avant restauration – à D après restauration et remise en peinture

Si un locotracteur a été baptisé Eugène, c’est bien en hommage à l’Ingénieur Eugène Freyssinet. Comme c’est la coutume à Noyant, lorsque disparaît un bénévole, le prochain locotracteur qui sera

restauré portera son prénom. Ainsi, le Berry C 3768 P2 dessus s’appelle dorénavant Jean-Pierre, en mémoire d’un bénévole décédé l’année dernière, mari de la présidente en titre, Laura BRIAND.

Berry 3735 T2 restauré à Noyant Le même avant sa remise en état Le même à 780 m de fond Oignies

Outre les 14 Berry et les 4 Decauville, le Musée de la Mine de Noyant possède les engins suivants

Deutz MAH 914G n°55965 arrivé à Messeix le 22.04.1956 AEG électrique n°3 de 27 ch arrivée à Messeix en 1910

Ces locotracteurs sont en voie de 580, l’écartement utilisé dans les Mines de Messeix (et de Bert).

Le Deutz faisait partie d’une série de 7 : moteur diesel de 9 ch dont 8 en continu et masse de 2,7 t

L’AEG était dans un groupe de 5 électriques d’une masse unitaire de 4 t amenée à 5,5 t vers 1960

SACM électrique M 258B arrivée à Messeix vers 1945-1946 En voie de 580, 2 moteurs de 17,5 ch chacun, masse 5,3 t D’une série de 5, celui-ci est en monument face à la Mairie Jung ZL 114 n° 1226 diesel de 24 ch. Récupéré à la Mine de kaolin de l’Echassières, il aurait servi pour le Mur de l’Atlantique en 1940. En réfection à Noyant

En plus de ces 18 locotracteurs, on trouve un nombre impressionnant de bennes et autres engins sur rails, ainsi que des machines sur pneus, du matériel d’extraction, de pompage, de sauvetage…

Cage à 3 étages et skip Autre skip Tête de chevalement et molette
Molettes du Puits de La Chana (42) Treuil sur boogies Ventilateur secondaire Berry
Benne de 2.500 litres (de Messeix) Berlines de sauvetage Berlines basculantes Decauville
Rare moteur CLM 408 de 100 ch Decauville diesel Y2200 n°2261 16 t Château d’eau toujours debout

La Cité des Mineurs ? Voici ses emblêmes, dans le plus pur style indochinois puisque depuis 1955 des rapatriés d’Indochine y ont été installés pour enraciner à la fois leur famille et leur nouvelle vie


 

Ainsi, après avoir extrait pendant le siècle précédant sa fermeture 2.045.639 t de charbon*, et bien que n’ayant pas survécu à la seconde guerre mondiale, le Puits Central de Noyant d’Allier ne peut que susciter de l’intérêt doublé d’admiration, et c’est très certainement ce qui motive les Amis de la Mine, l’association qui anime le Musée implanté dans ses bâtiments. Des liens ont été tissés avec le «village vietnamien», alliant histoire locale et culture asiatique, avec le Vélorail du Bourbonnais, lequel fait vivre 10 km de la voie ferrée Commentry-Moulins abandonnée depuis 1972, mais aussi avec d’autres musées de la Mine (Buxières-les-Mines, St-Eloy-les-Mines, Messeix et La Machine).

*Mines de Fins et Noyant confondues

Vélorail, face à la gare située à l’entrée nord-ouest de Noyant-d’Allier. Ca se voit que la ligne est coupée…

Noyant d’Allier a de quoi satisfaire les passionnés de la mine, du rail, de l’exotique et de la nature. Quant à son musée de la Mine, s’il a peu de moyens, il a néanmoins de grands projets, le premier étant de restaurer son chevalement datant de 1922 et constituant une exclusivité puisque le seul à avoir été construit en béton précontraint, technique inventée par l’ingénieur Eugène REYSSINET.

Visiter le musée, c’est lui accorder le regard qu’il mérite, c’est aussi apporter une aide à sa gestion.

Coordonnées

Contacts : Renseignements et Réservations : tél 04 70 47 31 51 – @ mail : centre-animation-minier@orange.fr 

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Article et photos de Pierre OMBROUCK (sauf Jung et Boudha)

pour le compte de l’APPHIM – apphim.fr

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Date de création : 30/07/2016 11:45
Catégorie : L'asso et ses actions - Les musées de la mine-Musée Jean le Mineur Noyant d'Allier
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