Les maisons des mineurs
Les maisons des mineurs
Maisons des mineurs spacieuses, eau courante, grands jardins, habitat gratuit, les maisons pour les mineurs se présentaient, presque pour la totalité, sous forme de logements doubles groupés en cités autour des mines. Les deux logements, séparés l'un de l'autre, comprenaient : électricité, eau courante, tout-à-l'égout et dans certain cas le gaz. L'aménagement intérieur était pratique. Le prototype de maison ouvrière à deux logements comprenait quatre pièces avec une pièce, cuisine et WC avec chasse d’eau au rez-de-chaussée et deux pièces au premier étage. Au sous-sol cave et buanderie et deux réduits formant greniers.
Chaque logement a son jardin de six à huit ares de terrain, ce qui a le double avantage d'aérer les cités en écartant les maisons les unes des autres et permet aux habitants de cultiver légumes et fleurs. En outre, chaque famille dispose d'une petite écurie pour une chèvre ou un porc ainsi que d'un poulailler et d'un clapier.
Les maisons des cités MDPA sont assez diversifiées, pour les unes les porches sont ronds, les autres rectangulaires. Le plein cintre est un symbole de bon accueil et tranche agréablement sur la solidité affirmée par les rectangles des fenêtres. En tout, les cités minières comprenaient sept types de maisons différents :
Don de Roger Weissenberger
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maison d’employé : type A (habitation individuelle),
2 pièces cuisine au rez-de-ch. et 3 pièces au premier étage,
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maison d’employé : type B (deux logements dans une maison),
3 pièces cuisine au r-de-ch. et 3 pièces au premier étage),
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maison ouvrière : type C (deux logements dans une maison),
1 pièce cuisine au r-de-ch. et 2 pièces au premier étage,
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maison ouvrière : type E (deux logements dans une maison),
1 pièce cuisine au r-de-ch. et 2 pièces au premier étage,
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maison ouvrière : type F (quatre logements dans une maison),
1 pièce cuisine au r-de-ch. et 2 pièces au premier étage.
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maison d’ingénieur (habitation individuelle),
2 pièces cuisine au r-de-ch. et 3 pièces au premier étage,
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maison pour chef de Division (habitation individuelle),
3 pièces cuisine au r-de-ch. et 4 pièces au premier étage.
Dans la plupart, le fond de maison même était peint d’un blanc vif sur lequel tranchait les faux bois « style alsacien », les volets, les encadrements de portes et fenêtres en vert, jaune, marron, rouge et les socles en teintes qui vont du bleu au jaune. Enfin, les alignements droits des maisons ont été coupés le plus possible, soit en incurvant les routes, soit en donnant aux maisons par rapport à la rue des reculs différents.
L’institution sociale s’exprimait de plusieurs manières :
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l’habitat du mineur était gratuit,
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l’entretien courant des maisons était assuré par les MDPA (services « entretien cités »),
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l’entretien des jardins des ingénieurs était assuré par les jardiniers des MDPA.
Maisons des mineurs
( texte rédigé par Louis Galelli )
A l’époque, on se déplaçait surtout a pied et a bicyclette, et en train quand cela était possible. De nombreux mineurs habitant dans certaines vallées vosgiennes ou dans des villages dépourvus de voies ferrées n’avaient que leur bicyclette comme seul moyen de locomotion. En comptant le trajet de retour, il leur arrivait de parcourir jusqu'à 50 km par jour, par tous les temps, été comme hivers. Il n’était pas question pour eux de rater ne serait-ce qu’un seul poste.
On cite le cas de quelques mineurs de St. Hyppolite, au nord du département, a 60 km de leur mine, qui rejoignaient a vélo la gare la plus proche. Le train les amenait a Colmar ou ils étaient pris en charge par le service de ramassage des MDPA, mis en place après 1945. Comptes tenu des correspondances, ils arrivaient a la mine vers 21h30, après un trajet qui avait dure 2 heures. Le seul poste qu’ils pouvaient faire démarrait a 22h et se terminait a 3h le lendemain. Puis retour chez eux après une absence de 12 heures. Et encore s’estimaient-ils heureux, ils profitaient du service de ramassage qui n’existait pas avant 1945. Chez eux, il leur restait encore un peu de temps pour soigner leur lopin de vignes. Malgré ces longs déplacements et ses horaires astreignants, c’étaient de bons compagnons qui ne rechignaient pas a la tache.
Pour éviter toutes ces fatigues mais aussi pour fidéliser leur personnel, les entreprises importantes faisaient construire des cites ouvrières a proximité de leurs installations. C’est ainsi que les dirigeants des MDPA ont lance après 1918 un vaste programme de construction de cites a proximité de leurs carreaux. Les logements choisis, fonctionnels et modernes pour l’époque, se présentaient sous forme de maisons a 2 ou a 4 logements, avec un confort que l’on ne retrouvait ni dans les villages environnants, ni dans d’autres cites de l’époque : eau courante et électricité, gaz de ville dans certaines cites et comble du confort, un WC intérieur. On ne peut pas s’imaginer aujourd’hui le bonheur des familles qui emménageaient dans ces cites, elles qui avaient connu l’inconfort le plus complet dans les villages qu’elles venaient de quitter. Et que dire des ménagères qui pouvaient faire leur lessive a l’abri des intempéries dans leur buanderie, au lieu de parcourir de centaines de mètres avec leur linge entasse dans une brouette pour rejoindre la rivière ou le lavoir du village, quand il en avait une.
L’aménagement intérieur était bien étudié :
une cave, au rez-de-chaussée, ou a moitié enterrée, comprenant :
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la cave proprement dite, aménagée par le mineur en cellier : réserve de pommes de terre et de légumes, de conserves et de confitures. Des betteraves pour le bétail et le bois de chauffage y étaient également entreposes,
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une buanderie équipée d’une cuve en fonte de 200 litres de contenance, maçonnée au-dessus d’un foyer. La ménagère y faisait bouillir le linge sale de la semaine. Un bac imposant en béton rempli d’eau fraîche recevant alors le linge pour y être rince. Ce bac servait également de baignoire pour toute la famille,
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un dégagement ou on stockait le charbon et les briquettes pour l’hiver ainsi que le bois qui n’avait pu être mis dans la cave,
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un réduit comprenant un poulailler. On pouvait également y élever un ou deux porcs ou une ou deux chèvre.
au 1er étage :
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un dégagement avec le WC a une extrémité,
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une cuisine équipée d’un évier,
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une salle à manger, aussi utilisée comme chambre à coucher par les familles nombreuses,
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un fenil pour la réserve de foin et de paille pour le bétail. Plus tard, les mineurs le transformèrent en salle d’eau, après avoir percé une porte entre la cuisine et le fenil. Fenil et poulailler s’ouvraient sur la basse-cour et ne communiquaient pas avec la partie habitable du logement.
au 2eme étage :
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un dégagement,
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deux chambres à coucher,
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un débarras pouvant être aménagé en chambre pour un enfant. Tout le 2eme étage était
mansarde,
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les combles, accessibles par une trappe et qui faisait débarras.
Le tout n’était pas bien grand : 60 m2 habitables pour les petites familles, 80 m2 pour les autres.
aménagements extérieurs :
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une basse-cour jouxtant la buanderie et le poulailler. Entourée par un grillage de 2 mètres de hauteur, elle comprenait également un clapier,
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un jardin, lopin de terre de 6 à 10 ares. Deux arbres fruitiers plantés dès l’origine, et un étendoir pour sécher le linge complétait le tout.
Les maisons, plantées dans ces jardins cultives en potager par les mineurs (on ne trouvait pas de gazon dans les jardins a l’époque) étaient espacées de 15 a 20 m l’une de l’autre. Les quartiers regroupant 20 a 30 maisons étaient clôtures de palissades en bois, a claire-voie. Des routes goudronnées et bordées d’arbres d’ornement circulaient entre les quartiers.
Les maisons peintes de couleurs agréables, les potages pour la plupart bien entretenus, les palissades peintes en blanc, la bordure d’arbres décoratifs tailles a intervalles régulier, conféraient aux « colonies » un aspect coquet et agréable.
Une estivante de l’époque, se promenant pour la première fois dans une de ces cités, se serait exclamée : « mais on dirait des maisons de poupées, je me sens comme plongée dans un conte de fée », les premiers habitants étaient également comme plonges dans un rêve.
Et encore, l’aménagement extérieur n’était-il pas terminé : jardins en friche, pas de trottoirs, bordures arborées et palissades en cours d’aménagement, goudronnage des routes en cours.
Lorsque le père d’une de mes connaissances eut terminé l’installation de sa famille, il aurait dit : « maintenant, nous sommes des princes ».
Louis GALELLI
68 850 STAFFELFELDEN
Octobre 2003
Travail de Roger Weissenberger, Louis Galelli avec l'autorisation de Roger Weissenberger